vendredi 24 juillet 2009


 Aujourd'hui s’est renforcé par l’expérience acquise avec le projet Blanche-Neige une méthode spécifique à celle du travail avec le "Performer". Elle a donc mis au point la méthode A235. Cette méthode se développe sous forme de workshop. Le premier s' est déroulé en juillet 2009 à Micadanse (Paris) et se poursuivra à la fondation Gilbert Brownstone (Paris) courant 2010.

Notes sur la Méthode A235

 « Il est difficile de définir précisément la pratique constamment changeante de la performance, car elle consiste essentiellement en une redéfinition des modalités d'utilisation des langages artistiques, et non celle d'une inscription dans une tradition autre que celle qu'elle a elle-même créée. » Allan Kaprow

 
Le corps du performeur est indissociable de son environnement, il en est même le révélateur, le miroir.
Contrairement au théâtre où la scène délimite l’action, c’est le temps dans la performance qui crée l’espace. Cet espace-temps demande donc à être considéré dans une approche pédagogique et vis-à-vis d’un public qui ne reste plus inactif dans un rapport de scène classique mais qui pénètre l’œuvre et de ce fait y est participatif. Cette proximité entre l’acteur et le public nous fait reconsidérer le statut de celui-ci, se pose alors la question de la notion d’échange.
 
La méthode A235 pourrait être assimilée au sport, où les règles produisent une variété de mouvements dans un espace-temps réel avec la notion de hasard.
La méthode A235 aiguise le performeur dans cette approche et, lui donne les repères corporels lui permettant cette disponibilité au hasard et une dextérité face à l’espace-temps présent.
Le performeur dans son savoir, sa souplesse et sa dextérité joue, à partir de motifs, les multiples combinaisons d’une fiction engageant des pistes puis les oubliant pour à nouveau les retrouver dans un temps déplacé ou bien, les transformant par la mise en relation avec d’autres motifs. Une même action peut durer 1 seconde, 2h ou 5h, selon le contexte. Cela peut passer par la danse, le théâtre, le tableau, purement formel, référentiel.
Un travail d ‘écoute relie chaque acteur, qui leur permet de se répondre autour de motifs (palette d’actions). Leurs mouvements leur servent de repères et de lieux de rencontre.
 
Certains des exercices de la méthode A235 peuvent être assimilés à la pédagogie de l’école Jacques Lecoq, à laquelle j’ai été formée.
En effet, dans un temps interactif entre le performeur et le public, il ne s’agit plus de donner une histoire avec un début et une fin, mais de dessiner un paysage qui permet au public de créer sa propre fiction, selon son histoire, son humeur, sa culture.Le performeur développe plusieurs scénarios, qu’il tisse vis-à-vis du public.
 
Ce travail pose la question de l’engagement de l’acteur. En effet il ne s’agit plus de la notion d’interprétation mais d’être acteur au sens propre, acteur de son jeu, de sa pensée, il acte.
De la même manière que le public tisse son propre paysage avec les matières offertes dans la performance, le performeur invente avec son corps la manifestation d’une pensée. Il met en perspective tel ou tel élément d’une partition, selon le temps et le public ( jeu de cache-cache ).
 
L’intervention d’autres artistes, chercheurs viendrait enrichir cet atelier avec d’autres connaissances indispensables à la performance qui met en jeu de multiples outils et matériaux.
Par exemple, des plasticiens par rapport à la notion de perspective comme dans construction d’un tableau ou bien encore des sémiologues, anthropologues, ethnologues sur les questions d’identité, de mémoire etc…
 
Mes performances sont reliées à la tradition du théâtre de la « Comedia dell’ arte », dans sa connivence avec le public et le désir profond de l’acteur et du spectateur de jouer, de s’amuser - notion intrinsèque à l’homme.
C’est pour cette raison que la méthode A235 connaît un vif succès chez les professionnels comme chez les amateurs, car ce jeu les relie à quelque chose de profondément humain.
 
La méthode A235 s’emploie à activer cet état de jeu qui existait au temps du théâtre de boulevard (Les Enfants du paradis) et qui a disparu avec les conventions du théâtre du XIXème.